Le Japon menacé par la malbouffe

Article : Le Japon menacé par la malbouffe
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17 septembre 2017

Le Japon menacé par la malbouffe

Au pays du soleil levant, la nourriture a pour réputation d’être saine et non grasse. En vérité, comme dans tous les pays du monde, le Japon connaît un attrait pour le fast food et les plats préparés. Les conséquences commencent à montrer le bout de leur nez.

Il est midi à Tokyo, l’heure pour les « salary-man » (hommes d’affaires), les étudiants et les ouvriers de passer à table. Les Mos Burger, Burger King et le McDonald’s affichent complet, c’est le rush pour les employés de la restauration rapide. Les jeunes, mais aussi les personnes d’âge plus mûr se ruent vers ces enseignes, les plus connues, mais aussi vers les nombreux autres fast food existants dans l’archipel. « Je dois manger vite, je n’ai pas beaucoup de temps pour ma pause déjeuner. Je mange ici, car c’est rapide, bon et pas cher », explique Nobu, client affamé de 25 ans.

Les chiffres confirment cet engouement : le Japon est le deuxième plus gros consommateur de McDonald’s derrière les États-Unis, selon une étude du journal The Guardian1. La firme américaine s’est même adaptée au palais des Japonais en proposant des milkshakes au melon, des gâteaux au thé matcha ou encore des hamburgers sauce soja.

À défaut de pouvoir s’attabler dans un restaurant, une seconde solution est très prisée du peuple japonais : les konbinis. Ces magasins, présents à chaque coin de rue et ouverts 24h/24, vendent toute une gamme de sandwichs, plats préparés et des sucreries à des prix défiant toute concurrence. Pour une somme moyenne de cinq euros, le consommateur peut faire chauffer son plat et dispose de baguettes pour consommer sur place, à son travail ou chez lui. De manière générale, toujours par manque de temps, les Japonais mangent sur le pouce ou avalent rapidement leur repas.

Des fruits et légumes chers

À la décharge des nippons, le prix des fruits et des légumes ne sont pas faits pour inciter à leur consommation. Une pomme coûte en moyenne un euro cinquante, bien se nourrir coûte cher sur l’archipel. Le rapport aux fruits n’est pas le même qu’en France, on l’offre en cadeau ou bien on le consomme de manière ponctuelle, comme une pâtisserie. C’est un mets de luxe et le slogan « mangez cinq fruits et légumes par jour » n’a pas lieu d’être ici. Florence, expatriée française, le déplore : « La seule façon de pouvoir consommer des légumes est d’acheter local, ça revient moins cher. Pour les fruits, j’en consomme beaucoup moins qu’en France, même si je me force à en acheter en fermant un peu les yeux sur les prix. »

Les publicités alimentaires sont omniprésentes à la télévision, mais aussi dans les rues du Japon.

 

Les conséquences de cette arrivée massive de la « mal-bouffe » commencent à se faire sentir depuis quelques années. Le surpoids est en forte hausse (28,6% des hommes et 20,6% des femmes frôlent l’obésité, selon l’Etat japonais), si bien que le gouvernement a régit en votant une loi en 2008, obligeant les employeurs à faire peser ses employés lors des examens médicaux. Si une personne est en surpoids, l’employeur doit alors s’engager à la faire suivre médicalement, sous peine de sanction de la part de l’Etat.

Au-delà du problème de poids, les cas de diabète augmentent : pour mille habitants, neuf personnes sont atteintes de cette maladie. La cause est le déséquilibre alimentaire et les aliments transformés trop sucrés. La publicité de ces aliments, omniprésente, n’arrange pas les choses, tout comme la présence de distributeur de boissons à chaque coin de rue. Malgré les efforts du gouvernement, les mœurs de la nouvelle génération changent. Une fois installées, ces habitudes auront, comme aux États-Unis et en Europe, la vie dure. Un phénomène qui fait tâche dans le pays des sumos où la minceur est pourtant de mise.

1Selon une étude de 2013

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