Fukushima : les aliments non « radiés » des supermarchés

Article : Fukushima : les aliments non « radiés » des supermarchés
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2 juin 2017

Fukushima : les aliments non « radiés » des supermarchés

Manger « made in Fukushima » est devenu normal sur l’archipel. Aucune étude ne montre la dangerosité des produits alimentaires, ni si ils sont réellement inoffensifs sur le long terme. Consommer des aliments potentiellement contaminés n’effraie plus le peuple nippon.

Au rayon des féculents d’un supermarché de quartier, repose un paquet de riz, au rayon frais, un jus de pêche et dans le panier du client un beau brocolis vient d’être choisit. Tous ont un point commun : ils arrivent tout droit de la préfecture de Fukushima.
Depuis 2011, le 11 mars, le monde a pris l’habitude de se remémorer les images de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Un tremblement de terre, suivit d’un tsunamis ont ravagé la région, endommageant par la même occasion la centrale nucléaire. Des fuites radioactives se sont répandues, provoquant l’exil des habitants et de la vie sur place. Le « grenier alimentaire du Japon » est alors irradié entraînant par la même occasion une crise économique.
Le discours du gouvernement envers les produits en provenance de Fukushima est alors de ne pas en consommer, puis rapidement, ce dernier va encourager les Japonais à en acheter.
« L’effort national » et le patriotisme sont mis en avant. Des publicités encouragent à aider la région de Fukushima.
Les brocolis, champignons, le riz ou encore le jus de pêche irradiés se retrouvent sur les étals du pays, parfois avec la provenance bien mise en avant comme élément marketing.
Toutes les études réalisées par le gouvernement japonais prouvent que les aliments vendus ne dépassent pas la limite autorisée soit 100 Becquerel par kilogramme. Le site internet de la préfecture de Fukushima met en avant ces études, dans des tableaux colorés et ludiques, rassurant comme il le peut les habitants et les consommateurs.

Un manque de recul évident

« Je me méfie des produits en provenance de cette région, assure Audrey une expatriée française, j’ai révisé ma géographie du Japon et j’évite tout ce qui provient des préfectures alentours également. Pour le riz c’est assez simple, une carte est souvent présente sur le paquet, pour les autres aliments j’utilise le traducteur de mon téléphone ».
Malgré tout, le discours sécurisant du gouvernement japonais a porté ses fruits puisque Singapour a ré-autorisé l’importation du riz en provenance de Fukushima. En 2016 l’Europe a fait de même, en acceptant tous les produits qui ne dépassent pas les 100 Bq/kg.
Officiellement et selon la loi, ces aliments ne représentent pas de danger, sont propres à la consommation et ne sont pas illégaux.
Cependant, selon la CRIIRAD (commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), « la consommation de ces aliments dits faiblement contaminés n’est pas sans risques. Aussi doit-elle durer le moins longtemps possible. »
Sur le long terme, consommer tous les jours des produits contaminés, mais ne dépassant pas le seuil autorisé serait-il dangereux pour la santé ?Aucune étude ne le démontre à ce jour. Et c’est bien ça le problème :quel comportement adopter lorsque l’information fait défaut?
Six années après la catastrophe de Fukushima, les Japonais ont choisi leur camps. Dans les supermarchés, les consommateurs font leurs courses normalement, avec les dosimètres au placard et une confiance objective envers leur gouvernement.

 

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